Retour forcé au bureau : des employés canadiens expriment leur colère

Juil 31, 2025 | Actualités, Réussite

Après plusieurs années de télétravail, un nombre croissant d’employés canadiens sont contraints de reprendre le chemin du bureau. Rogers et la Banque TD viennent de rejoindre la liste des grandes entreprises imposant ce virage, suscitant la grogne des travailleurs.

La TD a annoncé le 23 juillet que ses employés devront être présents au moins quatre jours par semaine à partir de novembre. Une décision qui tombe mal, alors qu’un sondage de l’Institut Angus Reid révèle que 60 % des adultes préfèrent travailler principalement de chez eux, et que près de 80 % souhaitent au moins quelques jours de télétravail chaque semaine.

« Si le travail peut être fait à domicile, les employés devraient avoir le droit d’y rester. Le modèle hybride semble être le compromis idéal », affirme Cherie Lamont, enseignante à Toronto.

Pour d’autres, comme Devi Rajkumar, contrainte de parcourir chaque jour 70 km pour rejoindre son bureau, la flexibilité représente bien plus qu’un confort : « En présentiel, on crée un cercle social, mais à la maison, on gagne en qualité de vie. »

Des chiffres qui parlent

Parmi les employés rappelés au bureau, 51 % se disent “fâchés” ou “très fâchés”, selon le sondage mené du 18 au 22 juillet auprès de 1918 adultes.

Pour Ope Akanbi, professeure à l’Université métropolitaine de Toronto, ce rejet est compréhensible :

« Les travailleurs ont appris à intégrer le travail dans leur vie, plutôt que de faire entrer leur vie dans les contraintes du travail. »

Les arguments des entreprises

Malgré l’opposition, les grandes banques TD, RBC, BMO, Scotia ainsi que Rogers ou Starbucks justifient leur décision par les vertus du présentiel : meilleure productivité, plus d’innovation et des carrières accélérées.

Mais pour de nombreux employés, ces arguments ne tiennent pas. « La pandémie a prouvé qu’on pouvait travailler efficacement à distance tout en maintenant les bénéfices des entreprises », rappelle Mme Akanbi.

Peu de recours pour les travailleurs

Avec un taux de chômage de 6,9 % en juin, la marge de manœuvre des salariés reste limitée.

« Les employés ont le sentiment d’avoir prouvé leur efficacité en télétravail. Le retour forcé au bureau leur donne l’impression qu’on leur retire un acquis », souligne Annie Boilard, présidente du réseau Annie RH.

Sur le plan juridique, tout dépend du contrat. Comme l’explique Me Mackenzie Irwin, avocate en droit du travail :

 

« Si le télétravail est inscrit dans votre contrat, il est protégé. Sinon, l’employeur peut imposer un retour, sous peine de sanction. »

Des négociations demeurent toutefois possibles, notamment pour des raisons de santé ou des obligations familiales.