Femmes cadres : une égalité toujours hors de portée

Malgré les discours en faveur de l’égalité professionnelle, les femmes cadres restent systématiquement désavantagées. Rémunération inférieure, accès limité aux postes à responsabilité, charge mentale accrue et sexisme persistant en entreprise : les inégalités ne reculent plus depuis cinq ans. Une récente étude de l’APEC d’octobre 2024 dresse un constat alarmant : l’écart salarial stagne, le plafond de verre résiste et la conciliation entre vie professionnelle et personnelle demeure un défi majeur. Si certaines entreprises affichent leur volonté de changement, les avancées concrètes restent insuffisantes. Pourquoi l’égalité entre les cadres féminins et masculins semble-t-elle toujours inatteignable ?

Un écart salarial tenace perçu comme une injustice

L’étude révèle que les hommes cadres gagnent en moyenne 12 % de plus que leurs homologues féminins. Même à profil équivalent (âge, secteur, expérience, diplôme, etc.), cet écart reste significatif, atteignant 7 %. Une différence d’autant plus mal vécue par les femmes : 49 % d’entre elles estiment ne pas être rémunérées de manière équitable, contre seulement 40 % des hommes.

Les jeunes femmes cadres sont particulièrement touchées, avec un écart de rémunération atteignant 21 % chez les moins de 35 ans, avant de se réduire légèrement avec l’âge. Ce déséquilibre se reflète dans le ressenti au travail : 49 % des femmes déclarent travailler trop dur par rapport à leur poste et leur salaire, contre 31 % des hommes.

Des carrières freinées par des barrières invisibles

L’accès aux postes à responsabilité reste un parcours semé d’embûches pour les femmes cadres. Seules 33 % d’entre elles occupent un poste de manager, contre 46 % des hommes. Un tiers des femmes cadres déclarent avoir été freinées dans leur évolution professionnelle en raison de leur genre.

Les entreprises elles-mêmes peinent à reconnaître ces inégalités : dans les petites et moyennes structures, une minorité seulement admet leur existence. Ce plafond de verre, bien que souvent invisible, limite l’accès des femmes aux postes de direction et perpétue un déséquilibre de pouvoir en entreprise.

Une conciliation vie pro-vie perso plus difficile pour les femmes

Les femmes cadres éprouvent davantage de difficultés à concilier vie professionnelle et personnelle. 45 % d’entre elles signalent un déséquilibre, contre 40 % des hommes. Cette contrainte est exacerbée par la maternité : les mères cadres sont bien plus sollicitées que les pères pour s’occuper d’un enfant malade.

Les responsabilités familiales, encore majoritairement assumées par les femmes, limitent leur disponibilité et freinent leur progression professionnelle. Ce fardeau mental a des conséquences directes sur leur bien-être : 85 % des femmes cadres en difficulté déclarent que cela affecte leur santé psychologique, contre 77 % des hommes. Elles sont aussi plus nombreuses à souffrir de troubles du sommeil (57 % contre 42 %) et d’épuisement professionnel (54 % contre 42 %).

Le sexisme en entreprise : un fléau persistant

Malgré les efforts de sensibilisation, le sexisme continue d’empoisonner le quotidien des femmes cadres. Quatre cadres sur dix affirment être témoins de comportements sexistes dans leur entreprise.

Si certaines grandes entreprises prennent des mesures pour lutter contre ces pratiques, en sensibilisant notamment leurs recruteurs et managers, ces initiatives restent insuffisantes et peu généralisées, surtout dans les petites structures.

Quelles solutions pour réduire ces inégalités ?

Face à ces constats, des mesures fortes doivent être mises en place pour garantir une réelle égalité entre femmes et hommes cadres.

1. Transparence salariale et réévaluation des grilles de rémunération

La transparence salariale est une priorité. Les écarts de rémunération, souvent invisibles, freinent toute correction efficace. Des audits réguliers et obligatoires permettraient d’identifier et de rectifier les disparités injustifiées. Certaines entreprises pourraient allouer des enveloppes budgétaires spécifiques pour réduire ces écarts.

2. Mentorat et accompagnement des carrières féminines

L’accès des femmes aux postes de direction doit être activement encouragé. Le mentorat et le parrainage peuvent jouer un rôle clé pour accompagner les femmes dans leur progression. L’adoption de quotas incitatifs favoriserait également une meilleure mixité aux postes à responsabilités et dans les instances décisionnelles.

3. Amélioration des politiques de conciliation travail-vie personnelle

Des mesures de flexibilité doivent être généralisées : télétravail, congés parentaux plus équitables, aides renforcées à la garde d’enfants… Ces dispositifs offriraient aux femmes un cadre de travail plus adapté et réduiraient la pression exercée par la double charge travail-famille.

4. Renforcement des formations contre le sexisme en entreprise

La lutte contre le sexisme en entreprise doit s’intensifier. Sensibilisation, formation et sanctions doivent être les piliers d’un changement durable. Des actions de prévention auprès des managers et des équipes, ainsi que des sanctions claires contre les comportements discriminants, sont essentielles.

L’égalité professionnelle, un enjeu économique et sociétal

L’égalité entre les femmes et les hommes cadres ne relève pas seulement de la justice sociale : c’est aussi un levier de performance pour les entreprises. Des équipes plus diversifiées et équilibrées bénéficient d’une meilleure dynamique et d’une productivité accrue. Il est donc urgent d’agir pour transformer durablement les mentalités et les pratiques professionnelles.