Face à l’urgence climatique, à la raréfaction des ressources et à l’évolution des attentes sociétales, la durabilité s’impose comme un levier majeur de transformation. Pourtant, de nombreuses entreprises continuent de reléguer les engagements ESG (environnement, social, gouvernance) au second plan, les considérant comme de simples obligations réglementaires. Une posture désormais risquée.
L’étude « Driving Business Value Through Sustainability », publiée en 2025 par le Capgemini Research Institute, envoie un message clair : ne pas agir en matière de durabilité coûte cher en image, en argent et en compétitivité.
Des coûts longtemps invisibles… jusqu’au déclic
L’étude menée auprès de 1 001 dirigeants dans 13 pays révèle des chiffres préoccupants :
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44 % des entreprises ont subi un préjudice d’image lié à leur inertie sur les enjeux durables,
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27 % ont été confrontées à des sanctions réglementaires (amendes, restrictions de marché, retraits d’autorisations).
Derrière l’inaction se cachent des pertes souvent sous-estimées : perte de confiance des parties prenantes, désengagement des salariés, pression des investisseurs. Là où la neutralité pouvait suffire hier, les marchés exigent désormais des preuves concrètes d’engagement.
Réputation : un actif fragile
Dans un monde hyperconnecté, la réputation peut vaciller en quelques heures : campagnes de boycott, bad buzz, audits médiatisés… Le silence ou l’inaction en matière ESG est aujourd’hui perçu comme un aveu de faiblesse stratégique. À l’inverse, les entreprises qui communiquent de manière transparente sur leurs objectifs et leurs progrès, même imparfaits, gagnent en légitimité.
Une pression réglementaire de plus en plus forte
Le cadre légal se durcit. Avec l’entrée en vigueur progressive de la directive européenne CSRD dès 2028, plus de 50 000 entreprises seront tenues de publier des données ESG précises, vérifiables et comparables, conformément aux normes ESRS.
Au-delà des sanctions, ne pas se conformer à ces exigences, c’est risquer de perdre des marchés et des opportunités d’investissement, face à des concurrents mieux préparés.
Durabilité : un avantage concurrentiel déjà visible
Certaines entreprises ont pris une longueur d’avance. L’étude montre que :
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82 % investissent dans la durabilité pour stimuler leurs ventes,
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62 % cherchent à réduire leurs coûts, parfois jusqu’à 20 % (grâce à l’optimisation énergétique, logistique ou à la réduction des déchets),
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54 % ont déjà perdu des parts de marché au profit d’offres plus durables.
La durabilité devient un moteur de performance : elle influe sur la rentabilité, l’innovation, la conquête de nouveaux marchés et la fidélisation client.
L’erreur stratégique de l’inaction
Pourquoi tant d’entreprises restent-elles frileuses ? Les freins les plus courants coût jugé trop élevé, manque de compétences, incertitude sur les bénéfices ne tiennent plus face aux données. Les gains sont mesurables, rapides, et concernent tous les maillons de la chaîne de valeur : IT, production, transport, sourcing, packaging…
Le véritable enjeu est stratégique. Dans un monde instable, les entreprises résilientes seront celles qui auront intégré les enjeux ESG au cœur de leur modèle économique.
Conclusion : agir, sans attendre
La question n’est plus « Faut-il y aller ? », mais bien « Combien de temps peut-on encore attendre ? »
L’avenir appartient aux organisations qui font de la durabilité non pas un supplément, mais un pilier central de leur stratégie.