Et si la plus grande fragilité des entreprises se cachait là où on l’attend le moins ? Dans leur quête effrénée de croissance, nombre de dirigeants concentrent leur énergie sur la stratégie commerciale, les ventes et l’innovation. Mais en reléguant au second plan des fonctions jugées « annexes » comme la paie, la gestion des ressources humaines ou l’organisation interne, beaucoup découvrent, parfois trop tard, que des dysfonctionnements silencieux peuvent miner en profondeur les fondations de leur réussite.
Les conséquences sont loin d’être anodines : tensions internes, démotivation, départs imprévus, voire contrôles de l’URSSAF. « Ce que l’on croit accessoire finit souvent par devenir prioritaire, mais trop tard », souligne Angèle Guillet, fondatrice du cabinet G.A Conseil RH & Paie.
Un cabinet né d’une urgence
Après vingt années passées en entreprise, Angèle Guillet a créé son cabinet en 2020, en pleine crise sanitaire, pour répondre aux besoins urgents des PME et ETI : gestion des paies en activité partielle, demandes d’aides d’urgence, adaptation aux nouvelles réglementations.
« Les dirigeants n’avaient pas les réponses, et les comptables étaient débordés. J’ai alors compris la nécessité d’apporter une solution concrète », raconte-t-elle.
Sa singularité ? Une approche centrée sur l’humain et non sur la seule technique comptable. « Lire une fiche de paie ne suffit pas. Il faut expliquer, accompagner, et désamorcer les tensions liées au droit social », insiste-t-elle.
Résultat : en quelques années, son cabinet, fort de six collaborateurs, traite plus de 1 000 bulletins de paie chaque mois pour des structures de 30 à 500 salariés, dont le réseau de soins dentaires Dentelia.
La paie, un maillon stratégique
Pourquoi la digitalisation RH reste-t-elle un défi, même pour des entreprises bien établies ? Souvent par manque de temps ou par souci d’économie mal placée. « Beaucoup pensent qu’un simple comptable peut suffire. Or, la paie n’est pas qu’un sujet financier : elle est avant tout humaine. Une anomalie génère un salarié mécontent, voire un risque juridique », prévient Angèle Guillet.
Les entreprises en croissance rapide en font régulièrement l’amère expérience.
« Tant qu’Excel suffit et que les questions des collaborateurs sont rares, tout va bien. Mais le jour où les demandes se multiplient et où il faut ouvrir quatre fichiers pour répondre, il est déjà trop tard », observe-t-elle.
Internaliser ou externaliser : la question clé
Dès qu’une entreprise atteint une taille critique autour de 100 à 200 salariés, un choix stratégique s’impose : recruter en interne ou externaliser ? « Un poste RH à temps partiel peut sembler judicieux, mais que se passe-t-il en cas d’absence ? Chez nous, les informations sont mutualisées et les processus garantissent la continuité du service. Aucune entreprise n’est laissée sans réponse », explique la fondatrice.
Les PME attirées par des solutions en ligne peu coûteuses s’exposent aussi à des déconvenues. « Ces outils automatisés ne remplacent pas le conseil. Ils n’anticipent pas les cas particuliers, or ce sont précisément ces situations atypiques qui peuvent coûter cher. »
L’IA, utile mais pas infaillible
Avec l’essor de l’intelligence artificielle dans les outils SIRH, la tentation de l’automatisation totale grandit. Mais Angèle Guillet tempère : « Le contrôle humain reste essentiel. Certaines situations échappent aux algorithmes et nécessitent une analyse attentive. »
Elle insiste également sur la question sensible de la souveraineté numérique : « Les données de paie sont hautement confidentielles. Se conformer au RGPD ne suffit pas ; il faut aussi garantir que ces données soient stockées en Europe, sans dépendre de technologies étrangères incontrôlées. »
Anticiper pour sécuriser
En conclusion, le conseil d’Angèle Guillet est clair : « N’attendez pas d’être débordé pour structurer votre gestion RH. Trop d’entreprises retardent ces décisions et finissent par en payer le prix fort. L’anticipation est la clé : mieux vaut prévenir que guérir. »
Pour G.A Conseil, la paie et les RH ne sont pas de simples fonctions administratives. Elles constituent des leviers de stabilité et de performance dont la bonne intégration se traduit par un gain durable de sérénité et d’efficacité.