Dans son nouvel ouvrage Recherche (désespérément) salariés (Fayard, avril 2025), Julien Leclercq, déjà auteur en 2015 du percutant Journal d’un (salaud) de patron, dresse un constat sans appel : recruter à la campagne relève aujourd’hui du défi. Installé à Lectoure, dans le Gers, où il a ouvert un restaurant en 2020, l’entrepreneur raconte les obstacles inattendus qui ont entravé ses efforts de recrutement.
Un choc inattendu
« Dans mes expériences passées, notamment à la tête d’une agence de presse en ville, je recevais jusqu’à 250 candidatures pour un seul poste de journaliste », explique Julien Leclercq. « En ouvrant mon restaurant à Lectoure, je pensais que ce serait pareil. J’ai très vite déchanté. Ma première annonce est restée sans réponse pendant des semaines, malgré mes relances. J’ai été stupéfait. »
Cette pénurie de candidats a eu des conséquences immédiates : « Nous avons dû fermer nos portes certains jours, alors même que des clients nous attendaient. »
Le poids des fractures territoriales
Rapidement, l’entrepreneur comprend les raisons profondes de cette difficulté. « À la campagne, de plus en plus de jeunes n’ont pas le permis de conduire. Or, dans des territoires où les transports en commun sont quasi inexistants, c’est un frein majeur. »
À cela s’ajoutent des contraintes économiques : « Le secteur de la restauration offre des rémunérations souvent modestes, auxquelles s’ajoute le coût élevé de l’essence. Le cocktail est explosif : peu de candidats acceptent de se déplacer pour un emploi rural. »
Des conditions à réinventer
Face à cette impasse, Julien Leclercq a dû revoir sa stratégie. « Nous avons fini par ajuster nos conditions d’embauche. Il a fallu rendre les postes plus attractifs, en travaillant à la fois sur la rémunération, les horaires et certains avantages annexes. »
Au-delà de son expérience personnelle, l’auteur alerte sur une réalité plus large : celle d’un pays confronté à de profondes fractures territoriales. « Le monde du travail rural attire difficilement les profils urbains, et la désaffection des jeunes pour le permis de conduire accentue encore cette tendance. »
À travers son témoignage, Julien Leclercq met en lumière une problématique nationale : comment redonner de l’attractivité aux emplois situés hors des grandes métropoles ?