Lors de son arrivée au pouvoir en 2023, Bola Tinubu avait fait de la lutte contre la corruption et de la transparence une priorité. Pourtant, les défis restent immenses dans un pays où l’économie informelle domine et où la corruption demeure profondément enracinée.
En 2024, la Commission nigériane de lutte contre les crimes économiques et financiers (EFCC) a annoncé avoir récupéré près de 500 millions de dollars issus de détournements de fonds, un montant record depuis la création de l’agence en 2002. Elle a également enregistré 4 111 condamnations pénales, un niveau inédit.
Les saisies ne se limitent pas aux liquidités : l’EFCC a confisqué 750 duplex et appartements, 173 véhicules, des cryptomonnaies, une usine, un hôtel, 14 terrains, 931 052 tonnes de produits pétroliers et 70 tonnes de minéraux solides. Parmi les actifs numériques récupérés figurent 13,37 bitcoins (572 992 dollars), 5,97 ETH (13 353 dollars) et plusieurs milliers de dollars en Tether (USDT).
Fraude, blanchiment et cybercriminalité en tête des infractions
En 2024, les délits les plus signalés concernaient la fraude à l’avance de frais (connue sous le nom de « 419 »), le blanchiment d’argent et la cybercriminalité. L’EFCC a reçu 15 724 plaintes et ouvert 12 928 enquêtes, aboutissant à 5 083 procès.
Des fonds réinjectés dans l’économie
Selon le rapport de l’EFCC, une partie des sommes récupérées a été réinvestie par le gouvernement fédéral. Parmi les initiatives financées figure un apport de 50 milliards de nairas (32,6 millions de dollars) au Nigerian Education Loan Fund (NELFUND), un programme lancé en 2024 pour octroyer des prêts sans intérêt aux étudiants.
D’autres fonds ont été alloués à des projets d’infrastructures, notamment la modernisation des routes, des hôpitaux et du réseau électrique.
Un combat loin d’être gagné
Malgré ces avancées, le Nigeria, premier producteur de pétrole d’Afrique, reste mal classé en matière de transparence. Il occupe la 140ᵉ place sur 180 dans le dernier indice de perception de la corruption publié par Transparency International. La lutte contre ce fléau s’annonce encore longue et complexe.