Le small talk, un art subtil trop souvent sous-estimé en entreprise

Juil 19, 2025 | Actualités, Life Style

Le small talk en entreprise : pour certains, un simple bavardage sans intérêt ; pour d’autres, un exercice redouté, source de malaise et de silences gênants. Il suffit qu’un client arrive avec cinq minutes d’avance pour que la panique s’installe : les regards se croisent, les sourires se crispent, et l’on finit par échanger, faute de mieux, des banalités sur la météo.

Et pourtant, ce petit échange anodin est omniprésent : dans les ascenseurs, à la machine à café, en salle de réunion avant une présentation, ou encore à la sortie du supermarché. Son ubiquité en fait une opportunité précieuse de laisser une impression marquante et de façonner une image professionnelle cohérente. Mais encore faut-il en maîtriser les codes.

Sans entrer dans des injonctions vagues du type « soyez en connexion avec votre interlocuteur », je vous propose ici trois règles concrètes, issues de ma pratique de la rhétorique appliquée.

1. Affirmez d’emblée votre position

Les échanges improvisés débutent souvent dans un inconfort partagé : deux personnes debout, évitant le contact visuel, espérant que la conversation démarre par miracle. Il faut briser cette inertie. Évitez à tout prix les poncifs comme : « Et sinon, vous avez trouvé facilement nos locaux ? » qui ne suscitent qu’un enthousiasme poli.

Dès les premières secondes, affirmez votre intention d’entrer dans l’échange. Cela passe par une poignée de main franche, un regard assumé et une question ouverte soigneusement choisie en amont. Un bon démarrage met la conversation sur de bons rails et contribue à établir votre crédibilité.

2. Évitez l’interrogatoire déguisé

Le conseil classique « posez un maximum de questions pour montrer de l’intérêt » est, à mon sens, contre-productif. Enchaîner les questions – surtout trois sur la météo – donne rarement lieu à un échange naturel.

 

Fixez-vous une limite : une à deux questions suffisent. Le small talk n’est ni un entretien d’embauche ni une séance de coaching. Il s’agit avant tout d’un moment convivial, léger, propice à la création de lien. Trop questionner, c’est risquer d’épuiser son interlocuteur.

3. Apprenez à clore un échange avec élégance

« Bon… Eh bien… Yes. Du coup, salut ! » Ce genre de sortie hésitante est monnaie courante. Pourtant, savoir terminer un échange est aussi important que savoir le commencer. Trop souvent, on redoute d’interrompre une conversation par crainte d’être perçu comme impoli. C’est une erreur. Respecter le temps de chacun, c’est aussi faire preuve de professionnalisme.

Sachez que mettre fin à un échange peut autant soulager votre interlocuteur que vous-même. Si l’improvisation n’est pas votre point fort, préparez des phrases de clôture efficaces, adaptées au contexte. Elles vous permettront de partir avec élégance, sans générer de malaise.

Prenons deux exemples :

À un ancien collègue croisé par hasard : « En tout cas, le hasard a bien fait les choses ! Je ne pensais pas te croiser ici. Je dois filer, mais c’était un plaisir de te revoir. »

À un client arrivé trop tôt : « Je vous installe dans la salle de réunion. Vous êtes mon premier rendez-vous ce matin, alors je vais mettre en route la machine à café et démarrer mon ordinateur. Je suis à vous dans une minute ».

Ces formules peuvent sembler abruptes sur le papier, mais dites avec un sourire sincère et une attitude bienveillante, elles passent toujours très bien. Vous préservez le lien tout en assumant votre tempo.

Le small talk n’est ni futile ni accessoire. Bien maîtrisé, il devient un levier puissant d’influence, de crédibilité et d’ancrage relationnel. Plutôt que de le fuir, il est temps de l’apprivoiser. Car, au fond, ce ne sont pas les mots qui comptent, mais la qualité de la présence qu’on y injecte.