Start-up africaines : recul des levées de fonds, mégadeals en hausse

L’écosystème des start-up africaines a connu une légère baisse des levées de fonds en 2024, marquée par un repli des financements en dette. Selon le rapport Africa Tech Venture Capital 2024, publié le 23 janvier par Partech Africa, le montant total des fonds levés a atteint 3,2 milliards de dollars, soit une diminution de 7% par rapport à 2023.

Si les investissements en equity sont restés stables à 2,2 milliards de dollars, les financements en dette ont chuté de 17%, s’établissant à 1 milliard de dollars. Cette baisse s’explique principalement par la hausse des taux d’intérêt et l’appréciation du dollar face aux monnaies africaines, rendant les emprunts en devises plus coûteux pour les start-up locales.

Un marché en mutation avec des transactions en hausse

Malgré ce ralentissement, l’activité de l’écosystème tech africain est restée dynamique avec :

  • 457 transactions en equity (-3% par rapport à 2023)
  • 77 transactions en dette (+4%)
  • Une augmentation des mégadeals, qui ont progressé de 43% en nombre et de 57% en valeur.

En 2024, trois mégadeals en dette et quatre en equity ont été enregistrés, totalisant 1,1 milliard de dollars.

Toutefois, la taille moyenne des tickets d’investissement a diminué dans la plupart des phases de financement :

  • Série A : -18%
  • Série B : -27%
  • Seed : +26%, en revanche, montrant une résilience des investissements précoces.

Le Nigeria en tête des levées de fonds en equity

Le classement des pays ayant levé le plus de fonds en equity reste dominé par le Nigeria (520 millions de dollars), suivi de :

  • L’Afrique du Sud : 459 millions
  • L’Égypte : 297 millions
  • Le Kenya : 221 millions

Ces quatre pays, surnommés les “Big Four”, concentrent encore 67% des levées en equity, une proportion en recul par rapport aux années précédentes (79% en 2023 et 72% en 2022).

D’autres pays émergent sur la scène technologique, notamment le Ghana, le Maroc et la Tanzanie, qui ont chacun dépassé les 50 millions de dollars levés.

La fintech toujours en tête, la cleantech monte en puissance

Sur le plan sectoriel, la fintech reste le principal moteur de l’écosystème tech africain, captant 1,3 milliard de dollars en equity, soit 60% du total des financements. Derrière, d’autres secteurs se démarquent :

  • Cleantech : 9%
  • E-commerce : 7%
  • Services aux entreprises : 7%
  • Agritech : 4%

Côté financements en dette, c’est le Kenya qui domine avec 382 millions de dollars, suivi par :

  • L’Égypte : 142 millions
  • L’Afrique du Sud : 132 millions
  • Le Ghana : 118 millions

Dans ce segment, la cleantech se démarque en attirant 40% des prêts accordés, devant la fintech (34%) et les entreprises de connectivité (11%).

Un intérêt croissant des investisseurs en phase Seed

Le rapport met en lumière une hausse du nombre d’investisseurs en equity, qui ont été 583 en 2024 (+2% par rapport à 2023). Ces derniers se sont davantage concentrés sur les start-up en phase Seed, tandis que leur participation aux séries A et B a diminué.

Une industrie en quête de nouveaux leviers de croissance

Si le ralentissement global des financements traduit un contexte économique plus contraint, la résilience du marché africain du capital-risque demeure. La progression des mégadeals, la montée en puissance de la cleantech et la diversification des pays bénéficiaires signalent une évolution stratégique de l’écosystème.

Les start-up africaines devront toutefois s’adapter à un environnement financier plus exigeant, en explorant de nouvelles sources de financement et en renforçant leur attractivité auprès des investisseurs internationaux.