L’instauration d’un seuil de TVA unique à 25 000 euros par la loi de finances 2025 a suscité une vague de réactions. Initialement prévue pour entrer en vigueur le 1er janvier, cette réforme a été freinée par une levée de boucliers de la part des représentants du portage salarial, de nombreuses figures politiques et bien sûr, des micro-entrepreneurs eux-mêmes.
Mais pourquoi cette mesure suscite-t-elle autant de remous ? Où en est-on après les concertations des dernières semaines ? Et surtout, comment le portage salarial pourrait-il tirer son épingle du jeu dans ce contexte ?
Un seuil de TVA unique qui bouscule l’écosystème des micro-entrepreneurs
Une réforme qui remet en question un équilibre établi
Depuis sa création en 2009, la micro-entreprise repose sur trois principes clés :
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Accessibilité : permettre à tous, sans condition de diplôme ou d’expérience, de se lancer facilement.
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Simplicité : un régime administratif allégé, permettant aux indépendants de se concentrer sur leur activité.
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Stabilité : des règles claires et prévisibles qui ont permis à près de 3 millions d’entrepreneurs de s’épanouir.
Or, la mise en place d’un seuil unique de TVA vient bouleverser ces fondamentaux. Derrière cette réforme, le gouvernement vise un double objectif :
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Générer entre 400 et 700 millions d’euros de recettes fiscales supplémentaires par an.
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Mettre fin à une « concurrence déloyale » vis-à-vis des autres statuts, notamment les artisans et commerçants.
Quelles conséquences pour les micro-entrepreneurs ?
Ce nouveau seuil risque d’avoir un impact majeur pour plus de 250 000 micro-entrepreneurs, selon la Fédération nationale des auto-entrepreneurs (FNAE) :
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Une complexification administrative : déclaration de TVA, gestion comptable plus lourde, et potentiellement des coûts supplémentaires (recours à un expert-comptable, par exemple).
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Une hausse des prix pour les clients particuliers : avec l’application de la TVA, les micro-entrepreneurs risquent de perdre en compétitivité.
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Une perte de confiance dans le régime : une instabilité législative qui fragilise l’attractivité du statut et inquiète les indépendants.
Face à cette fronde, le gouvernement a suspendu la réforme jusqu’au 1er juin 2025, après plusieurs concertations. Pourtant, aucun consensus n’a encore été trouvé, et la mobilisation continue : la FNAE prévoit une manifestation d’ampleur le 25 mars dans une quinzaine de villes.
Portage salarial : une alternative face à l’incertitude
Avec cette réforme, le portage salarial apparaît comme une solution de repli pour de nombreux indépendants.
Un cadre plus stable et sécurisé
Contrairement à la micro-entreprise, le portage salarial bénéficie d’un cadre législatif solide, structuré par :
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L’ordonnance de 2015, qui a sécurisé le statut.
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La convention collective de 2017, signée à l’unanimité par les partenaires sociaux, garantissant des droits aux salariés portés.
Ce cadre offre une stabilité précieuse, évitant les ajustements fiscaux et réglementaires incessants qui fragilisent le statut de micro-entrepreneur.
Des avantages concrets pour les indépendants
Le portage salarial permet aux freelances de bénéficier d’une gestion simplifiée et de protections sociales renforcées, tout en conservant leur autonomie :
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Simplicité administrative : la société de portage gère la facturation, les déclarations fiscales et les cotisations sociales.
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Accès au CDI : un atout majeur pour obtenir un prêt bancaire, louer un logement ou sécuriser son avenir professionnel.
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Protection sociale complète : couverture santé, retraite, prévoyance et droit au chômage.
En période d’incertitude économique et fiscale, ces éléments font du portage salarial une alternative crédible pour les indépendants cherchant à sécuriser leur activité sans renoncer à leur liberté.
Un tournant pour les indépendants
Si la réforme du seuil de TVA est encore en suspens, elle a déjà semé le doute parmi les micro-entrepreneurs. Dans ce contexte, le portage salarial se présente comme une solution rassurante, offrant une stabilité législative et des garanties sociales précieuses.
Face à l’incertitude, une chose est sûre : les travailleurs indépendants devront s’adapter. Et pour beaucoup, le portage salarial pourrait bien être l’opportunité à saisir.