La Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) est devenue un élément essentiel du paysage entrepreneurial contemporain, résultant d’une prise de conscience accrue des impacts environnementaux et sociaux des activités économiques. Un échange entre Nathanaël Westphal, CEO de NSW Conseil, et Geoffroy Boulard, Directeur du Lab, lors du podcast « Les génies du bien », met en lumière les origines, les enjeux et les pratiques de la RSE.
Aux origines de la RSE
La RSE trouve ses racines dans diverses influences historiques et théoriques, marquées par deux approches principales : américaine et européenne. En France et aux États-Unis, des chefs d’entreprise paternalistes ont joué un rôle clé dans le développement de la RSE, en offrant des avantages sociaux à leurs employés, souvent motivés par des valeurs chrétiennes. Ces dirigeants croyaient en leur responsabilité personnelle envers leurs collaborateurs, un concept fortement ancré dans la culture philanthropique américaine. À l’inverse, en France, la responsabilité est perçue comme une obligation de l’entreprise en tant qu’entité morale, souvent encadrée par l’État.
Dans les années 1950, Howard Bowen, pasteur protestant, a écrit « Social Responsibilities of the Businessman », un ouvrage qui a conceptualisé la RSE en soulignant l’importance pour les entreprises de contribuer à des valeurs sociétales comme l’égalité des chances. Le livre « Silent Spring » de Rachel Carson, publié dans les années 1960, a également révélé les impacts négatifs des activités humaines sur l’environnement, ouvrant la voie à une conscience écologique croissante et à des discussions sur la responsabilité des entreprises.
En France, la RSE se concentre sur la responsabilité de l’entreprise en tant que personne morale, avec une forte implication de l’État et des réglementations. Nathanaël Westphal évoque son engagement personnel envers la RSE, inspiré par des influences familiales et par l’Armée du Salut, qui ont façonné son orientation professionnelle vers le bien commun.
Enjeux contemporains et mise en œuvre de la RSE
Les entreprises modernes sont confrontées à des attentes croissantes en matière de responsabilité sociale et environnementale. Nathanaël Westphal souligne que l’absence de justice climatique est indissociable de l’absence de justice sociale, faisant de la RSE une réponse stratégique aux défis globaux actuels. Les entreprises doivent intégrer des pratiques responsables pour se conformer à des régulations comme la Corporate Sustainable Reporting Directive (CSRD) en Europe, qui oblige un nombre croissant d’entre elles à rendre compte de leurs performances en matière de durabilité.
L’implémentation de la RSE nécessite une approche méthodique. Westphal aide les entreprises à identifier leurs enjeux RSE spécifiques en fonction de leur secteur d’activité et de leurs parties prenantes. L’utilisation de référentiels comme le Global Reporting Initiative (GRI) ou les normes ISO permet de structurer les démarches et de mesurer les performances. Les certifications comme Ecovadis, une solution de notation mondiale, évaluent les pratiques RSE et deviennent des outils déterminants pour les entreprises souhaitant démontrer leur engagement.
Défis et opportunités de la RSE
L’un des principaux défis de la RSE réside dans l’authenticité des démarches entreprises. Westphal note que certaines entreprises s’engagent par obligation réglementaire ou pour améliorer leur image, mais il est convaincu que même ces démarches peuvent semer des « graines » de changement avec un impact positif à long terme. Il met également l’accent sur l’importance de la finance durable et de l’investissement à impact, soulignant le rôle clé des investisseurs dans la transition vers des pratiques durables.
Perspectives et conseils pour les indépendants
Pour les consultants et freelances qui souhaitent s’engager dans la RSE, Westphal recommande une formation continue et une spécialisation. Il encourage également à rejoindre des collectifs pour mutualiser les compétences et proposer des offres complètes aux entreprises. En s’engageant pour des causes sociales et environnementales, les professionnels peuvent trouver une gratification personnelle et renouveler leur plaisir au travail.
La RSE n’est plus une option, mais une nécessité pour les entreprises modernes. En combinant objectifs économiques et pratiques responsables, elles peuvent améliorer leur performance tout en contribuant positivement à la société et à l’environnement.