En 2025, les entreprises concentreront leurs efforts de recrutement sur des postes stratégiques et opérationnels, dans un contexte économique et social marqué par l’incertitude. Jenny Gaultier, directrice générale du Mercato de l’Emploi, livre une analyse nuancée des évolutions à venir.
Un marché de l’emploi résilient malgré l’instabilité
Malgré un environnement économique marqué par l’instabilité politique et les tensions économiques, les recrutements se maintiennent en 2025. Selon l’Insee, le taux de chômage devrait se stabiliser à 7,6 % d’ici la fin de l’année, traduisant une évolution modérée malgré la persistance des plans sociaux et des ajustements organisationnels.
Les données de l’Urssaf confirment cette tendance : les embauches en CDI et en CDD de plus d’un mois retrouvent des niveaux proches de ceux d’avant la crise sanitaire. Par ailleurs, le taux d’emploi a atteint un record au troisième trimestre 2024, s’établissant à 69,1 %. Ces chiffres illustrent la capacité du marché du travail à résister aux incertitudes, portée par plusieurs secteurs clés.
Les secteurs porteurs en 2025
Certaines industries restent des moteurs du recrutement :
Numérique : forte demande pour les développeurs spécialisés en intelligence artificielle générative et en cybersécurité.
Énergie et environnement : opportunités croissantes avec la transition écologique.
Santé et services à la personne : métiers en tension avec des besoins structurels élevés.
Bâtiment et rénovation : en pleine expansion, notamment avec la modernisation des infrastructures.
Hôtellerie-restauration : toujours en quête de main-d’œuvre, malgré les défis liés aux conditions de travail.
En revanche, certains secteurs, comme la construction automobile, connaissent un ralentissement, bien que les services connexes (garagistes, concessionnaires) restent dynamiques.
Un recrutement plus sélectif et ciblé
Les entreprises abordent 2025 avec prudence et pragmatisme. Si elles poursuivent leurs embauches, elles privilégient des postes stratégiques et techniques au détriment des fonctions transverses comme le marketing ou la communication.
Les priorités se tournent vers des profils hautement qualifiés, tels que les techniciens de maintenance, les agents de maîtrise ou encore les experts en technologies de pointe. L’accent est mis sur la pérennité et la rentabilité des recrutements plutôt que sur une expansion rapide des effectifs.
Une mobilité professionnelle en recul
Contrairement aux tendances de 2021-2023 marquées par une forte mobilité professionnelle, 2025 s’annonce plus stable. Plusieurs facteurs freinent les changements de poste :
L’incertitude économique, qui incite à privilégier la sécurité de l’emploi.
Le coût de l’immobilier, qui limite les projets de mobilité géographique.
Une réflexion plus poussée, face aux risques liés aux reconversions professionnelles et à l’entrepreneuriat.
Dans ce contexte, les employeurs doivent redoubler d’efforts pour fidéliser leurs talents et renforcer leur attractivité.
Attirer et retenir les talents : un défi clé
Dans un marché du travail tendu, l’attractivité des entreprises devient un levier stratégique. Pour séduire les candidats, plusieurs axes sont privilégiés :
Rémunération compétitive et avantages sociaux renforcés.
Conditions de travail flexibles, incluant le télétravail et l’aménagement du temps de travail.
Accès à la formation, un critère de plus en plus décisif pour les professionnels en quête d’évolution.
Communication authentique des employeurs, qui doivent aligner leurs valeurs avec leurs actions.
Les entreprises qui parviennent à répondre à ces attentes renforcent leur position sur un marché de plus en plus exigeant.
L’IA générative : un catalyseur du recrutement
L’intelligence artificielle générative s’impose comme un outil de transformation des pratiques de recrutement. Son impact se manifeste à plusieurs niveaux :
Côté recruteurs : optimisation de la rédaction des offres d’emploi, accélération du sourcing grâce au matching automatisé entre CV et offres, réduction des délais de recrutement et amélioration de l’expérience candidat.
Côté candidats : personnalisation des CV et des lettres de motivation, assistance à la préparation des entretiens.
Cependant, si l’IA optimise les processus, elle ne remplace pas l’expertise humaine. Les recruteurs restent vigilants face aux candidatures automatisées et valorisent les candidats capables d’utiliser ces outils de manière stratégique.
2025 : une année charnière pour le marché de l’emploi
L’année 2025 s’annonce comme une période de transition pour le marché du travail. Si les entreprises poursuivent leurs recrutements, elles adoptent une approche plus sélective et axée sur la durabilité. Les secteurs porteurs continuent d’offrir des opportunités, mais l’attractivité et la fidélisation des talents deviennent des enjeux cruciaux.
Dans ce contexte, l’intelligence artificielle générative se positionne comme un levier d’innovation, permettant d’affiner les pratiques de recrutement et d’améliorer l’adéquation entre les attentes des employeurs et celles des candidats. Reste à voir si cette évolution ouvrira durablement un nouveau chapitre pour le monde du travail.