En France, le portage salarial existe depuis plus de 30 ans. Longtemps perçu comme flou et peu moderne, ce statut a été profondément transformé par l’ordonnance de 2015, qui l’a clarifié et encadré. Aujourd’hui, il représente une alternative crédible et innovante pour conjuguer liberté professionnelle et sécurité de l’emploi.
Pour mieux comprendre cette pratique en pleine expansion, nous avons rencontré Jean-Hugues Zenoni, co-fondateur et président d’OpenWork, ainsi que Jacques Thiebaut, Community Manager de cette entreprise spécialisée dans le portage salarial.
Le portage salarial, c’est quoi exactement ?
Selon l’administration française, il s’agit d’une relation tripartite entre un consultant, une entreprise cliente et une société de portage. Le consultant, salarié de l’entreprise de portage, réalise des missions pour des clients qu’il a lui-même démarchés.
« L’ordonnance du 2 avril 2015 a permis de préciser les contours de ce statut, destiné aux professionnels autonomes, qualifiés et certifiés », explique Jean-Hugues Zenoni.
Ce n’est ni du freelancing, ni de l’intérim. Le consultant reste libre dans le choix de ses missions et de ses clients, tout en bénéficiant du cadre protecteur du salariat. La société de portage prend en charge l’ensemble des aspects administratifs et comptables de son activité.
Quelques chiffres clés
Aujourd’hui :
200 sociétés de portage en France
70 000 consultants portés
Croissance annuelle de 20 %
700 M€ de chiffre d’affaires cumulé
Prévisions pour 2025 (source : FEPS) :
588 000 emplois
15 Mds€ de chiffre d’affaires
5 % de l’emploi national
0,9 % du PIB
Une nouvelle vision du travail
Face à des entreprises frileuses à l’embauche et à des salariés inquiets pour leur avenir, le portage salarial offre une réponse équilibrée. Il permet de sortir d’une logique de méfiance pour entrer dans un cercle vertueux : autonomie, reconnaissance, respect du rythme de chacun.
« Ce statut permet d’apporter de la souplesse sans sacrifier la sécurité », souligne Jean-Hugues Zenoni. « Il valorise l’expertise tout en préservant l’humain. »
Concrètement, comment ça fonctionne ?
Une entreprise cliente signe un contrat commercial avec OpenWork, spécifiant l’identité du consultant. Celui-ci signe ensuite un contrat de travail (CDD ou CDI) avec la société de portage.
La mission se déroule comme toute autre prestation, à la différence que la société de portage s’occupe :
de la facturation,
des déclarations sociales,
du recouvrement.
En contrepartie, elle prélève des frais de gestion (1 à 7 %, plafonnés à 600 € chez OpenWork). Le consultant conserve donc la majorité de ses revenus tout en étant déchargé des contraintes administratives.
À noter : contrairement à une agence d’intérim, la société de portage n’a pas vocation à trouver des missions pour ses salariés, même si elle peut faciliter la mise en relation via une plateforme ou des événements.
À qui s’adresse le portage salarial ?
Ce statut s’adresse principalement aux cadres et experts souhaitant garder leur indépendance sans les lourdeurs administratives de l’entrepreneuriat. Le profil type : un consultant diplômé (bac+4/5), autonome, en quête de liberté et de sens.
Secteurs les plus représentés :
IT & Télécoms
Management de transition
Qualité, sécurité & industrie
Marketing & communication
RH & coaching
Supply Chain & logistique
Finance & gestion
Formation professionnelle
Leur mode de travail :
67 % chez le client
30 % à domicile
3 % en coworking
Les avantages du portage salarial
- Sécurité sociale du salariat
Les consultants portés bénéficient de la protection sociale complète : congés payés, retraite, mutuelle, chômage, etc.
- Simplification administrative
La société de portage s’occupe de tout. Chez OpenWork, il suffit de déclarer ses jours travaillés chaque mois.
- Moins de précarité
CDI possible, revenus lissés entre deux missions, filet de sécurité en cas de baisse d’activité.
- Légalité et souplesse
Pas de risque de requalification en travail dissimulé ou de dépendance économique excessive.
- Appartenance à une communauté
Les consultants ne sont pas isolés. OpenWork, par exemple, propose un annuaire interactif, des événements réguliers et une dynamique collective forte.
- Services dédiés
Formation, coaching, applications mobiles, outils de gestion : certaines sociétés, comme OpenWork, proposent une véritable boîte à outils pour accompagner les consultants au quotidien.
Comment choisir sa société de portage ?
Avant de s’engager, il est essentiel de comparer :
Les frais de gestion appliqués
La richesse des services proposés
La qualité de l’accompagnement (réactivité, écoute, expertise)
Le portage salarial représente une véritable troisième voie, entre emploi salarié classique et entrepreneuriat pur. Il séduit de plus en plus de professionnels en quête de sens, d’autonomie et de stabilité.
À l’heure où le monde du travail se transforme, ce statut a tout pour s’imposer comme un modèle d’avenir.