Abidjan multiplie ses interventions sur les marchés financiers. En l’espace de quelques jours, le pays a levé 1,75 milliard de dollars en euro-obligations, 220 milliards FCFA via sa première émission internationale libellée en franc CFA et 66 milliards FCFA sur le marché domestique.
Le mercredi 26 mars 2025, la Côte d’Ivoire a marqué une première en Afrique en émettant une obligation en franc CFA sur le marché international. D’un montant de 220 milliards FCFA (environ 335 millions d’euros), cette émission a été réalisée à un taux de 6,875 % sur trois ans, avec un remboursement en euros, devise à laquelle le franc CFA est arrimé en parité fixe. Cette caractéristique limite le risque de change pour les investisseurs.
Les conditions obtenues sur le marché international s’avèrent plus favorables que celles du marché régional. La veille, Abidjan avait levé 66 milliards FCFA sur le marché domestique (Umoa-Titres), dont une tranche de 12 milliards à un taux de 7,63 %, soit un écart de plus de 75 points de base par rapport à l’émission internationale. Une semaine plus tôt, le rendement des obligations ivoiriennes à trois ans atteignait 7,64 % sur le marché régional, illustrant une prime de risque plus élevée pour les investisseurs locaux.
Autre particularité de cette émission : son accessibilité. Le ticket d’entrée pour les investisseurs était fixé à 6,55 millions FCFA (environ 10 000 euros), bien en deçà des standards des eurobonds, où la participation minimale varie entre 100 000 et 200 000 dollars. Avec une valeur faciale de 655 000 FCFA, cette approche a permis d’élargir la base des souscripteurs dans un contexte de forte demande pour les obligations ivoiriennes en monnaie locale.
Depuis le début de l’année, la Côte d’Ivoire a mobilisé plus de 1 500 milliards FCFA sur le marché régional, représentant plus de la moitié des émissions souveraines au sein de l’UEMOA. En parallèle, le pays a procédé à un rééchelonnement partiel de sa dette en remplaçant des titres arrivant à échéance en 2025 par de nouvelles obligations à maturité de 6 et 7 ans, pour un montant total de 450 milliards FCFA.
Cette stratégie s’inscrit dans un contexte de gestion serrée de la dette publique. Pour 2025, les remboursements prévus atteignent 5 635 milliards FCFA (environ 9,2 milliards de dollars), dont plus de 2 000 milliards FCFA pour les seuls emprunts obligataires et bons du Trésor sur le marché domestique. Avec une année électorale en perspective, Abidjan prévoit d’intensifier ses levées de fonds, avec plus de 1 100 milliards FCFA attendus au deuxième trimestre via des adjudications sur le marché régional.
Cette dynamique intervient dans un environnement de notation stable. Fitch a récemment confirmé la note du pays en monnaie locale avec une perspective stable. Classée en catégorie 5 sur l’échelle OCDE des risques pays, la Côte d’Ivoire demeure un emprunteur à risque modéré, permettant à certains investisseurs institutionnels de bénéficier de conditions réglementaires avantageuses pour le financement export.
Enfin, le 25 mars, la Côte d’Ivoire avait déjà levé 1,75 milliard de dollars sur les marchés internationaux, accompagnés d’un refinancement de 700 millions de dollars, renforçant ainsi sa position sur la scène financière mondiale.