La gestion des équipes connaît une transformation profonde, comme le met en lumière une étude de l’APEC sur les pratiques managériales. Face à des attentes de plus en plus diversifiées et complexes, les managers ajustent leurs méthodes pour concilier exigences organisationnelles et aspirations individuelles.
Des attentes multiples et en pleine mutation
Depuis 2019, les attentes des directions à l’égard des managers se sont élargies. Si la réalisation des objectifs et la qualité de la production restent prioritaires, la capacité à fédérer une équipe et à accompagner son développement gagne en importance (+6 points en cinq ans).
Du côté des collaborateurs, la reconnaissance professionnelle demeure une attente clé, mais des enjeux comme le sens du travail, un cadre de travail agréable et l’évolution des compétences prennent une place grandissante.
Cette montée en complexité impose aux managers un équilibre subtil entre performance, cohésion d’équipe et bien-être individuel. Aujourd’hui, 77 % des cadres déclarent avoir modifié leurs pratiques au cours des deux à trois dernières années, notamment en laissant plus d’autonomie aux collaborateurs (38 %) et en favorisant une plus grande implication dans les décisions (32 %).
Un management plus axé sur la cohésion et la convivialité
Avec l’essor du télétravail et des modes hybrides, l’animation des équipes devient un enjeu central. De nombreux managers mettent en place des rituels collectifs (ex. : « Friday cakes », séminaires d’équipe) pour maintenir une dynamique de groupe malgré la distance.
Ainsi, près de 70 % des managers ont repensé leurs réunions d’équipe, privilégiant une approche plus collaborative et interactive. Ces réunions, souvent hybrides ou en présentiel, combinent partage d’informations et organisation collective. Résultat : 76 % des cadres s’estiment satisfaits du fonctionnement de ces échanges.
En parallèle, plus de 60 % des managers instaurent des moments de convivialité pour renforcer les liens humains, un impératif dans un contexte où la dispersion des équipes s’accroît.
Vers un management plus individualisé
Autre évolution notable : une prise en compte accrue des besoins individuels des collaborateurs. Pour répondre à cette attente, 37 % des managers ont augmenté la fréquence des entretiens individuels, outil clé pour personnaliser le suivi et adapter le niveau d’autonomie en fonction des profils.
Ces échanges permettent également d’optimiser la reconnaissance individuelle et d’ajuster les responsabilités pour mieux répondre aux aspirations de chacun.
L’équilibre entre collectif et individualisme : un défi permanent
Si cette personnalisation est appréciée, elle pose aussi un défi majeur : comment concilier flexibilité et cohésion d’équipe ? 69 % des managers disent rencontrer des difficultés à arbitrer entre exigences individuelles et fonctionnement collectif.
L’enjeu est d’offrir une autonomie adaptée sans générer de frustration ni d’inégalités perçues au sein de l’équipe. Trouver le bon dosage entre souplesse et autorité devient un exercice clé du management moderne.
Un modèle de management en quête d’équilibre
L’étude de l’APEC met en lumière l’émergence d’un style de management hybride, à la croisée des modèles participatifs et flexibles inspirés des pratiques anglo-saxonnes.
D’un côté, l’implication des collaborateurs dans la prise de décision et l’attribution de responsabilités accrues se généralisent. De l’autre, les managers renforcent leur rôle d’accompagnateurs, cherchant à motiver leurs équipes tout en garantissant la performance globale.
Cette évolution marque une transition vers un management équilibré, où autonomie, responsabilisation et valorisation des compétences deviennent les piliers du leadership.
Le manager de demain : un chef d’orchestre agile
Face aux défis actuels, les pratiques managériales se réinventent en permanence. Loin d’être linéaire, cette transformation est faite d’ajustements continus pour répondre aux attentes variées des collaborateurs et aux contraintes organisationnelles.
Entre autonomie, cohésion et performance, le manager de demain devra maîtriser l’art de l’équilibre. Ce virage managérial illustre les mutations du monde du travail et témoigne d’une prise de conscience accrue de l’importance d’un leadership inclusif, agile et tourné vers l’avenir.