Selon une étude de l’Insee, le nombre de Français résidant en France mais travaillant à l’étranger a connu une hausse constante de 2,3 % par an entre 2010 et 2015. En 2015, plus de 360 000 Français travaillaient dans des pays frontaliers, notamment en Suisse et au Luxembourg, qui attirent à eux seuls près de 70 % des travailleurs frontaliers.
La Suisse et le Luxembourg en tête
Parmi les destinations privilégiées, la Suisse se distingue avec 179 200 Français franchissant quotidiennement la frontière pour bénéficier de salaires attractifs, dépassant en moyenne 55 000 euros par an. Le Luxembourg séduit également, notamment les travailleurs lorrains, avec un salaire moyen de 56 000 euros, le plus élevé du monde. Ces deux pays regroupent ainsi la majorité des travailleurs frontaliers français.
Un phénomène en forte croissance
Le Luxembourg, en particulier, continue d’attirer de plus en plus de Français. Selon le Statec, en 2022, le nombre de travailleurs frontaliers y a dépassé les 100 000. Face à cette augmentation, le gouvernement français a décidé de soumettre les revenus des travailleurs frontaliers au Luxembourg au barème fiscal français, en vertu de la nouvelle convention fiscale adoptée en février 2023.
À l’inverse, le nombre de frontaliers travaillant en Suisse tend à se stabiliser, selon les données de l’Office fédéral de la statistique suisse.
Les autres pays européens
Outre la Suisse et le Luxembourg, d’autres pays comme l’Allemagne, la Belgique, Monaco et, dans une moindre mesure, l’Espagne, comptent des travailleurs frontaliers français. En Allemagne, on observe une baisse du nombre de frontaliers (-0,9 % par an), alors qu’en Belgique, leur nombre augmente à un rythme de 1,3 % par an.
En Espagne et en Italie, les flux de travailleurs frontaliers restent faibles, en raison d’une conjoncture économique défavorable et des barrières linguistiques.
Une dépendance mutuelle
Certaines régions frontalières dépendent fortement de la main-d’œuvre française. À Monaco, les Français occupent une majorité des emplois, tandis qu’ils représentent 19 % de l’emploi total au Luxembourg et 7 % en Suisse, avec des pics atteignant 28 % à Genève. En Belgique, les Français sont particulièrement présents en Wallonie, notamment dans les provinces de Luxembourg et de Hainaut.
Profils variés
Le profil des travailleurs frontaliers varie selon les pays. En Allemagne et en Belgique, une grande proportion des frontaliers français sont ouvriers, alors que la Suisse et le Luxembourg attirent davantage de cadres. L’Insee note également que les travailleurs frontaliers en Allemagne sont souvent plus âgés et plus nombreux à approcher de la retraite, ce qui explique en partie la diminution de leur nombre.
Les travailleurs transfrontaliers en France
En France, les travailleurs frontaliers étrangers représentent une minorité. Toutefois, certaines régions frontalières comme Forbach et Sarreguemines en Moselle, ou encore le Genevois français et Longwy, connaissent des proportions élevées de travailleurs étrangers, atteignant parfois plus de 50 % des actifs dans certaines zones.
Ainsi, le travail transfrontalier continue de jouer un rôle crucial dans certaines régions d’Europe, où les différences salariales et les opportunités professionnelles poussent un grand nombre de Français à franchir les frontières au quotidien.