Le portage salarial est souvent présenté comme une solution idéale pour les freelances qui souhaitent conjuguer autonomie et sécurité. Pourtant, malgré ses nombreux avantages, une partie importante des indépendants hésite à y recourir. Pourquoi ce paradoxe ? Derrière les arguments rationnels, ce sont souvent des biais psychologiques inconscients qui influencent leur décision.
1. Le biais d’autonomie absolue
Beaucoup de freelances associent leur statut à une totale liberté, parfois idéalisée. Le portage salarial, avec son lien contractuel à une société de portage, est alors perçu à tort comme une perte d’indépendance. Pourtant, ce modèle n’implique aucune hiérarchie dans l’activité commerciale du freelance : il conserve son autonomie dans la gestion de ses missions, ses tarifs et ses clients.
2. Le biais de statu quo
Changer de modèle, même pour en adopter un potentiellement plus avantageux, peut provoquer un inconfort. Ce biais du statu quo pousse à rester dans une situation connue, même imparfaite, plutôt que d’expérimenter un système nouveau. De nombreux freelances préfèrent ainsi conserver leur micro-entreprise ou leur SASU par habitude ou peur du changement.
3. La perception du coût comme une perte
Le portage salarial implique des frais de gestion (en général 5 à 10 % du chiffre d’affaires), ce qui active souvent un biais de perte : on focalise sur ce que l’on « perd » (une part du revenu brut), plutôt que sur ce que l’on « gagne » (protection sociale, gestion administrative, retraite, assurance chômage). Cette vision court-termiste empêche parfois une évaluation globale des bénéfices.
4. Le biais de représentativité
Dans l’imaginaire collectif, le freelance est souvent vu comme un électron libre, un entrepreneur pur et dur. À l’inverse, le portage salarial reste mal compris et parfois assimilé à un statut de repli ou de transition. Ce biais de représentativité pousse certains freelances à rejeter une solution pourtant très efficace, au nom d’une identité professionnelle valorisée.
5. L’effet de groupe et la peur du jugement
Les freelances évoluent souvent dans des communautés où l’image de l’indépendance est idéalisée. Dire que l’on est en portage salarial peut parfois susciter des réactions mitigées. Ce biais social ou cette peur du jugement renforce l’auto-censure et retarde le passage à l’action, même chez ceux qui envisagent sérieusement cette solution.
Dépasser les biais pour faire un choix éclairé
Prendre conscience de ces biais cognitifs permet de mieux comprendre ses propres résistances. Le portage salarial n’est pas adapté à tous les profils, mais il mérite d’être évalué objectivement, selon ses besoins réels, son activité et ses ambitions.
Le bon choix est celui qui vous permet d’exercer votre métier avec sérénité, efficacité et sécurité.