Jeunes actifs : la santé, une priorité au cœur du monde du travail

Août 4, 2025 | Actualités, freelancing

En 2024, les jeunes salariés français âgés de 18 à 30 ans ont été plus nombreux que leurs aînés à se voir prescrire un arrêt maladie. Cette tendance ne traduit pas nécessairement une santé plus fragile, mais bien une évolution culturelle dans la manière d’aborder la santé mentale et physique au travail. Décryptage d’un phénomène qui redessine les habitudes professionnelles et les politiques de gestion des ressources humaines.

Une génération plus prompte à s’arrêter… mais pour moins longtemps

Selon le 9ᵉ baromètre Malakoff Humanis, réalisé en partenariat avec l’Ifop, 49 % des jeunes actifs de moins de 30 ans ont bénéficié d’un arrêt maladie en 2024, contre 42 % pour l’ensemble des salariés et seulement 26 % pour les plus de 60 ans. Ces arrêts sont toutefois plus courts : 12 jours en moyenne pour les jeunes, contre 15 jours pour l’ensemble des salariés et 23 jours pour les plus de 50 ans.

Ces chiffres traduisent une volonté de prise en charge précoce des problèmes de santé, avant qu’ils ne s’aggravent. Pour cette génération marquée par la crise sanitaire du COVID-19, préserver sa santé n’est ni une faiblesse ni une faute professionnelle : c’est un réflexe de prévention.

Moins de tabous, davantage de prévention

Contrairement à leurs aînés, les jeunes actifs ne considèrent plus l’arrêt maladie comme un sujet tabou. Près de 27 % d’entre eux ont sollicité directement un arrêt auprès de leur médecin, contre 20 % pour leurs collègues plus âgés.

Pour Anne-Sophie Godon-Rensonnet, directrice de l’accompagnement social et de la prévention chez Malakoff Humanis, la pandémie a joué un rôle décisif :
« Les jeunes ont compris que la santé est un capital qu’il faut protéger. Ils ne vont pas plus mal, mais ils n’attendent plus d’aller très mal pour consulter et s’arrêter. »

La montée des troubles psychologiques

L’étude révèle une hausse significative des arrêts pour motifs psychologiques chez les moins de 30 ans : 22 % en 2024, contre 16 % pour l’ensemble des salariés, soit une progression de 6 points depuis 2019. Ces arrêts concernent notamment le stress, l’anxiété, l’épuisement professionnel et la dépression liée au travail.

Les causes évoquées sont multiples : pression accrue, difficulté à concilier vie professionnelle et personnelle, ou encore tensions relationnelles. Ainsi, 66 % des jeunes actifs déclarent exercer un emploi stressant, contre 54 % en moyenne.

Le portage salarial, une alternative attractive

Dans ce contexte, le portage salarial apparaît comme une solution adaptée aux aspirations des jeunes générations. Offrant à la fois l’autonomie professionnelle et la protection sociale du salariat, il séduit ceux qui recherchent un équilibre entre liberté d’action et sécurité.

En cas d’arrêt maladie, les salariés portés bénéficient des mêmes droits que leurs homologues en entreprise, tout en conservant une flexibilité précieuse dans la gestion de leur temps. Ce modèle répond aux attentes d’une génération attachée à la fois à la stabilité et à l’indépendance.

Une santé globalement meilleure

Malgré des arrêts plus fréquents, les jeunes se perçoivent en meilleure santé que leurs aînés : 69 % d’entre eux se déclarent en bonne santé, contre 64 % pour l’ensemble des salariés. Ce paradoxe apparent illustre l’importance accordée à la prévention et à l’écoute de soi.

Pour beaucoup, la santé mentale et physique est désormais perçue comme un levier de performance durable et non plus comme une question secondaire.

Des attentes claires envers les employeurs

Les jeunes actifs expriment des revendications précises pour améliorer leurs conditions de travail :

  • Une charge de travail plus équilibrée ;

  • Une meilleure reconnaissance des efforts fournis ;

  • Plus de flexibilité (horaires adaptés, télétravail) ;

  • Un accompagnement médical renforcé en entreprise.

Loin d’un désengagement, ces attentes traduisent au contraire un fort investissement professionnel : 81 % affirment chercher constamment à progresser dans leur travail.

Vers un nouveau pacte social au travail ?

Les données publiées par Malakoff Humanis mettent en lumière une profonde mutation dans le rapport des jeunes au travail et à la santé. Refusant de sacrifier leur bien-être pour leur carrière, ils aspirent à un monde professionnel plus humain et équilibré.

Les entreprises ont tout à gagner à accompagner ce virage générationnel. La santé des collaborateurs n’est plus seulement un enjeu de protection : elle devient un facteur stratégique de performance, d’attractivité et de fidélisation.