Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, appelle à exploiter une manne financière importante : les 300 milliards d’euros d’épargne privée des Européens investis hors d’Europe, principalement aux États-Unis. Selon lui, cette ressource pourrait jouer un rôle clé dans le financement des transitions climatique et numérique en Europe.
Une épargne abondante, mais peu exploitée
Lors d’une intervention sur BFM Business, François Villeroy de Galhau a salué le discours de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, lors du forum de Davos, appelant les Européens à être plus offensifs dans la défense de leurs valeurs et à accélérer la croissance et l’innovation. Il a souligné l’urgence d’actionner les leviers disponibles en Europe pour répondre à ses défis économiques.
« Nous ne manquons pas de capital, mais d’un marché de capitaux efficace », a-t-il affirmé, dénonçant le faible rôle de l’épargne européenne dans le financement des entreprises du continent. L’enjeu est de taille : ces fonds, s’ils étaient mobilisés, pourraient financer des secteurs cruciaux comme la transition écologique, l’intelligence artificielle, ou encore la défense et la sécurité.
Des obstacles persistants à lever
L’idée de rediriger l’épargne privée vers les besoins européens n’est pas nouvelle, mais elle peine à se concrétiser. Selon un rapport de la Direction générale du Trésor (avril 2024), les budgets publics et les bilans bancaires ne suffisent pas à supporter l’effort d’investissement requis à grande échelle. Une solution réside donc dans l’orientation des fonds privés, mais des obstacles demeurent, notamment l’absence d’une harmonisation réglementaire et fiscale entre les pays membres de l’UE.
Pour répondre à ces défis, plusieurs pistes ont été envisagées, comme la création d’un label européen pour les produits d’épargne investis en Europe ou l’émission d’obligations européennes. Toutefois, sans un cadre commun renforcé, ces initiatives restent fragmentées.
Vers une Union pour l’épargne et l’investissement
François Villeroy de Galhau propose la création d’une « Union pour l’épargne et l’investissement », destinée à structurer un véritable marché unique du financement au sein de l’UE. Inspirée des réussites américaines, cette union pourrait favoriser une finance au service de l’économie européenne, en permettant une meilleure allocation de l’épargne et en renforçant l’autonomie économique du continent.
Pour le gouverneur, le potentiel est immense : « Récupérons ces 300 milliards pour répondre aux besoins d’investissement que nous avons en Europe », a-t-il plaidé.
Ce projet, s’il se concrétise, pourrait transformer l’épargne des Européens en un moteur de croissance durable et d’innovation au bénéfice du Vieux Continent.