Après une décennie de hausses successives, les tarifs réglementés d’électricité (tarifs bleus d’EDF) enregistrent une baisse significative à compter du 1er février 2025. Cette diminution, inédite depuis 10 ans, s’explique par la chute des prix de l’électricité sur les marchés de gros et des ajustements fiscaux. Décryptage des implications pour les consommateurs et des perspectives à venir dans le secteur énergétique français.
Une baisse historique de 15 %
La Commission de régulation de l’énergie (CRE) a annoncé une réduction moyenne de 15 % des tarifs réglementés, soit une baisse plus importante que celle initialement prévue (-14 %). Le prix moyen du kilowattheure passe ainsi de 28 à 24 centimes, compensant partiellement l’augmentation de 45 % constatée depuis 2022.
Pourquoi cette baisse ?
Trois principaux facteurs expliquent cette évolution :
Chute des prix de l’électricité sur les marchés de gros (-63,42 €/MWh).
Hausse des taxes sur l’électricité (+6 €), qui retrouvent leur niveau d’avant la crise énergétique.
Augmentation du tarif d’utilisation des réseaux publics d’électricité (Turpe) (+15,24 €).
En moyenne, les consommateurs bénéficieront d’une économie de 42 €/MWh, avec des variations selon leur contrat.
Qui est concerné par cette baisse ?
Cette réduction des tarifs réglementés impacte :
20 millions de ménages abonnés au tarif bleu d’EDF.
1,7 million de très petites entreprises (TPE).
4 millions de foyers ayant souscrit une offre indexée auprès de fournisseurs alternatifs (TotalEnergies, Engie, Octopus, etc.).
Pour les abonnés mensualisés, la baisse sera progressivement répercutée, probablement dès mars, selon Emmanuelle Wargon, présidente de la CRE.
Des économies variables selon les options tarifaires
Tous les consommateurs ne bénéficieront pas du même niveau de réduction :
Option de base (tarif unique) : concerne 10 millions de foyers, avec une baisse de 14,5 %.
Option heures pleines/heures creuses : adoptée par 9 millions de ménages, permet une économie de 16 %.
Option Tempo : utilisée par 1 million de clients, la baisse est limitée à 2 %, mais cette formule reste avantageuse avec un tarif du kilowattheure inférieur de 30 % à l’option de base, en échange de restrictions certains jours.
Quel impact sur les offres de marché ?
Pour les 10 millions de foyers ayant souscrit des offres de marché, l’impact reste incertain. Actuellement, certaines offres affichent des prix inférieurs de 20 à 30 % aux tarifs réglementés. Toutefois, avec la hausse des taxes et du Turpe, cet écart devrait se réduire.
La CRE prévoit de renforcer les contrôles sur les pratiques des fournisseurs pour garantir la transparence et la compétitivité des offres. De nouvelles formules pourraient émerger à l’approche du 1er février.
Vers la disparition de l’option de base
À partir de février 2025, l’option tarifaire de base sera progressivement supprimée :
Dès 2025, les nouveaux abonnés (suite à un déménagement ou à un nouveau raccordement) ne pourront plus souscrire à cette option et seront orientés vers l’offre heures pleines/heures creuses.
En janvier 2026, l’option de base sera définitivement supprimée pour les gros consommateurs (> 15 kVA/an), qui seront automatiquement transférés vers d’autres formules.
Cette réforme vise à encourager un lissage de la consommation électrique, notamment en période de forte production photovoltaïque.
Réformes à venir et incertitudes pour 2026
La fin de l’Arenh
En janvier 2026, le dispositif de l’Accès régulé à l’électricité nucléaire historique (Arenh) sera supprimé. Ce mécanisme, qui permettait aux fournisseurs alternatifs d’acheter de l’électricité nucléaire à un prix fixe (42 €/MWh), sera remplacé par un modèle entièrement basé sur les prix du marché.
Ajustements du Turpe
Le Turpe, qui représente une part importante de la facture, a été anticipé à la hausse en 2025. Sa prochaine révision interviendra en août 2026, ce qui devrait limiter les augmentations pour les consommateurs d’ici là.
Un marché en pleine mutation
Cette baisse des tarifs réglementés marque une transition majeure pour le marché français de l’électricité. Si les consommateurs bénéficieront d’un répit à court terme, la suppression de l’Arenh et l’évolution des prix de marché pourraient entraîner de nouvelles incertitudes.
Les ménages seront incités à adapter leur consommation, notamment en privilégiant les formules heures pleines/heures creuses. La CRE prévoit également de publier prochainement des recommandations sur la répartition des heures creuses et d’autres ajustements tarifaires.
Avec ces réformes, le secteur énergétique français entre dans une nouvelle ère, où l’équilibre entre compétitivité, transition énergétique et protection des consommateurs sera au cœur des enjeux.