Arrêts maladie : les jeunes actifs bousculent les codes du travail

Juil 29, 2025 | Actualités, freelancing

En 2024, les jeunes salariés français âgés de 18 à 30 ans ont été proportionnellement plus nombreux que leurs aînés à se voir prescrire un arrêt maladie. Une tendance qui ne reflète pas nécessairement une santé plus fragile, mais témoigne d’un rapport nouveau plus libre et assumé à la santé mentale et physique au travail. Décryptage d’un phénomène qui redessine les contours du monde professionnel et interroge les politiques de ressources humaines.

Une génération qui s’arrête plus… mais moins longtemps

D’après le 9ᵉ baromètre de Malakoff Humanis, réalisé avec l’Ifop, 49 % des jeunes actifs de moins de 30 ans ont bénéficié d’un arrêt maladie en 2024, contre 42 % pour l’ensemble des salariés et seulement 26 % chez les plus de 60 ans. Ces arrêts sont toutefois plus courts : 12 jours en moyenne pour les jeunes, contre 15 pour l’ensemble des salariés et 23 pour les plus de 50 ans.

Ce chiffre illustre une volonté croissante d’intervenir tôt, avant que les problèmes de santé ne s’aggravent. Pour une génération marquée par la crise du COVID-19, préserver son bien-être n’est plus perçu comme une faiblesse, mais comme une responsabilité personnelle et professionnelle.

Moins de tabous, plus de prévention

Le recours à l’arrêt maladie s’est largement décomplexé chez les jeunes. Ainsi, 27 % d’entre eux déclarent avoir eux-mêmes sollicité un arrêt auprès de leur médecin, contre 20 % de leurs aînés. Cette évolution traduit un changement profond dans le rapport au travail et à la santé.

« Les jeunes ne vont pas nécessairement plus mal que les autres, mais ils n’attendent plus d’aller très mal pour consulter », explique Anne-Sophie Godon-Rensonnet, Directrice de l’accompagnement social et de la prévention chez Malakoff Humanis. « Ils ont intégré que la santé est un capital à préserver. »

La santé mentale, enjeu de première ligne

L’enquête révèle une forte progression des arrêts pour raisons psychologiques chez les moins de 30 ans : 22 % en 2024, contre 16 % pour l’ensemble des salariés un chiffre en hausse de 6 points depuis 2019. Stress, anxiété, burn-out et dépression liés au travail sont les principaux motifs évoqués.

Les causes ? Une pression accrue, des difficultés à concilier vie professionnelle et personnelle, et des tensions relationnelles en entreprise. Deux tiers des jeunes (66 %) estiment exercer un emploi stressant, contre 54 % pour l’ensemble des salariés.

Le portage salarial, une réponse adaptée aux nouvelles aspirations

Dans ce contexte, le portage salarial séduit de plus en plus de jeunes actifs en quête de flexibilité et de sécurité. Ce dispositif hybride, qui combine autonomie professionnelle et protection sociale, permet d’exercer une activité indépendante tout en bénéficiant du statut de salarié et donc, d’un accès aux arrêts maladie, à la prévoyance, et à la sécurité sociale.

Avec une gestion autonome de leur emploi du temps, les jeunes peuvent mieux équilibrer vie professionnelle et personnelle. Un compromis idéal pour une génération en quête de sens, de liberté, mais aussi de stabilité.

Une santé perçue comme globalement meilleure

Paradoxalement, bien qu’ils s’arrêtent plus souvent, les jeunes se perçoivent en meilleure santé : 69 % estiment être en bonne forme, contre 64 % pour l’ensemble des salariés. Ce décalage apparent confirme leur attachement à la prévention et à l’écoute de soi.

Pour eux, la santé mentale et physique n’est plus un sujet périphérique, mais un levier de performance durable et d’épanouissement au travail.

Des attentes claires envers les employeurs

Pour limiter les arrêts et mieux répondre aux besoins de cette génération, les jeunes salariés formulent des attentes précises :

Une charge de travail allégée ;

Une meilleure reconnaissance ;

Plus de flexibilité (horaires, télétravail) ;

Un accompagnement médical renforcé en entreprise.

Loin d’un désengagement, ces revendications traduisent une implication sincère : 81 % des jeunes actifs déclarent chercher constamment à améliorer leur façon de travailler.

Vers un nouveau pacte social en entreprise ?

Les données de Malakoff Humanis révèlent une transformation profonde des comportements face à la santé au travail. Les jeunes ne veulent plus sacrifier leur bien-être sur l’autel de la performance. Ils réclament un environnement professionnel plus sain, plus flexible et plus humain.

Pour les entreprises, l’enjeu est de taille : intégrer ces nouvelles attentes dans leur stratégie RH pourrait bien devenir un levier crucial de fidélisation, d’attractivité et de performance durable.