Évolution législative du portage salarial en France

Juin 25, 2025 | Actualités, freelancing, Réussite

Le portage salarial, longtemps perçu comme une zone grise du droit du travail, a connu une reconnaissance progressive et structurée au fil des quinze dernières années. De l’expérimentation à l’encadrement strict, cette forme d’emploi hybride entre salariat et indépendance a été façonnée par une série de réformes législatives. Retour sur cette évolution et les perspectives qui se dessinent pour l’avenir. Comment la loi a-t-elle encadré cette pratique ces 15 dernières années, et quelles perspectives pour l’avenir ?

2008 : La reconnaissance légale du portage salarial

Jusqu’au début des années 2000, le portage salarial se développait dans un flou juridique, reposant essentiellement sur des pratiques contractuelles. C’est la loi du 25 juin 2008 relative à la modernisation du marché du travail qui marque une première reconnaissance officielle. Elle introduit le portage salarial dans le Code du travail comme une forme spécifique d’emploi.

Ce texte constitue une avancée majeure en légitimant la pratique tout en soulignant la nécessité d’un encadrement réglementaire.

2010-2015 : Un cadre juridique consolidé

Suite à la loi de 2008, plusieurs textes viennent préciser les contours du portage salarial :

  • 2010 : Signature d’un accord interprofessionnel fixant les grands principes du portage (rémunération minimale, autonomie du salarié porté, responsabilité de l’entreprise de portage).

  • Ordonnance du 2 avril 2015 : Texte fondateur, il codifie le portage salarial dans le Code du travail (articles L1254-1 à L1254-31), en définissant clairement les rôles des trois acteurs : le salarié porté, la société de portage, et l’entreprise cliente.

Cette ordonnance impose également un contrat de travail en CDI ou CDD, un accompagnement professionnel obligatoire, et encadre les obligations de déclaration et de garanties financières.

2017-2020 : Renforcement et sécurisation

La période suivante est marquée par des décrets d’application (notamment celui du 30 décembre 2015) qui fixent :

  • Une rémunération minimale équivalente à 70 % du plafond mensuel de la Sécurité sociale, majorée selon le statut.

  • L’obligation pour les sociétés de portage de détenir une garantie financière couvrant les salaires dus.

  • L’encadrement des frais de gestion.

Ces évolutions visent à sécuriser les parcours des salariés portés, tout en assainissant le secteur des pratiques douteuses.

2021 et au-delà : Vers une stabilisation et une démocratisation

Depuis 2021, aucune réforme majeure n’a été adoptée, signe que le cadre législatif est désormais considéré comme stable. Toutefois, le portage salarial continue de faire l’objet de réflexions, notamment dans le cadre :

  • De la réforme de l’assurance chômage.

  • Des politiques liées au développement du travail indépendant.

  • Des enjeux européens d’encadrement des plateformes et des nouvelles formes de travail.

L’avenir du portage pourrait passer par une meilleure intégration dans les politiques publiques d’emploi, et une extension à d’autres profils que les cadres, historiquement ciblés par le dispositif.

Conclusion

En l’espace de 15 ans, le portage salarial est passé d’un statut marginal à une forme d’emploi encadrée, reconnue et sécurisée, offrant un compromis adapté aux évolutions du monde du travail. À l’heure où les trajectoires professionnelles deviennent plus fluides et les statuts plus variés, cette forme d’activité devrait continuer à gagner du terrain, à condition de maintenir un cadre clair et protecteur.