L’équilibre vie pro-vie perso : un enjeu clé pour les entreprises

Avr 28, 2025 | Actualités, freelancing

À l’ère du télétravail et de la digitalisation croissante, la frontière entre vie professionnelle et vie personnelle devient de plus en plus floue. Dans ce contexte, instaurer une harmonie durable est devenu un défi majeur. Comment cadres, managers et entreprises peuvent-ils conjuguer bien-être individuel et performance collective ? Voici cinq grands défis à relever, ainsi que des pistes concrètes pour y parvenir.

Redéfinir la notion d’« équilibre »

L’expression « équilibre vie pro-vie perso » repose sur une vision binaire et figée : celle d’un partage strict entre deux sphères opposées. Pour Sandra Fillaudeau, coach et fondatrice de Conscious Cultures, il est temps d’adopter un nouveau regard. Elle propose d’envisager plutôt une « intégration », une « harmonie » ou encore une « imbrication » des différentes facettes de la vie.

De son côté, Céline Thomas, consultante en management et en qualité de vie au travail (QVT), suggère une métaphore musicale : viser « l’harmonie d’un orchestre », où chaque instrument – chaque moment de vie – trouve sa juste place en fonction du contexte. Le véritable enjeu n’est donc pas d’atteindre une égalité parfaite, mais de maintenir une cohérence fluide en fonction des priorités du moment.

Derrière cette quête, quatre grandes aspirations émergent : aligner son travail avec ses valeurs, choisir librement la place que l’on veut donner au travail dans sa vie, savoir gérer les déséquilibres sans stress et renforcer les liens avec les autres.

Rompre avec le mythe de l’omniprésence grâce à un télétravail réfléchi

La généralisation du télétravail, accélérée par la crise sanitaire, a profondément modifié notre rapport au bureau. Si elle a apporté de nouvelles libertés, elle a également engendré de nouveaux risques : la maison est devenue un prolongement du bureau, brouillant davantage les repères.

Céline Thomas souligne que cette évolution a « désacralisé » le lieu de travail traditionnel, tout en favorisant une intrusion permanente de l’entreprise dans la sphère privée, exacerbée par les outils numériques. Résultat : un sentiment de disponibilité constante.

Face à ce défi, chacun doit apprendre à fixer ses propres limites. Sandra Fillaudeau propose de délaisser la gestion stricte du temps au profit d’une gestion de l’attention : « Où est-ce que je choisis de placer mon attention ? », une question cruciale à l’ère de l’hyperconnexion.

Construire l’équilibre de manière collective

Retrouver une harmonie durable ne peut pas être une démarche strictement individuelle : elle se construit également dans l’interaction avec les autres. Dans son podcast Les Équilibristes, Sandra Fillaudeau propose trois axes pour progresser :

  • Définir ce qui est prioritaire à une étape donnée de sa vie.

  • Développer sa capacité à être pleinement présent dans l’instant.

  • Ouvrir le dialogue avec son entourage et ses collègues pour établir ensemble des règles de fonctionnement claires.

Les managers ont un rôle déterminant : ils doivent d’abord s’assurer qu’eux-mêmes trouvent leur propre équilibre avant de pouvoir accompagner leurs équipes. Leur comportement donne le ton : partir sans culpabilité à 18h, par exemple, envoie un message puissant sur les attentes réelles de l’organisation.

De plus, certains professionnels se tournent vers des formes de travail plus flexibles, comme le portage salarial, qui combine autonomie et protection sociale. Ce modèle en plein essor illustre une volonté croissante de reprendre la maîtrise de son rythme de vie et de concevoir un équilibre sur mesure.

Accepter les déséquilibres passagers

L’idée d’un équilibre permanent est illusoire. La vie, qu’elle soit professionnelle ou personnelle, est faite de hauts et de bas. Reconnaître cette réalité, c’est se libérer d’une pression inutile.

« Nos vies sont souvent déséquilibrées, et ce n’est pas dramatique », rappelle Sandra Fillaudeau. L’essentiel est de rester conscient de ces phases, de comprendre qu’elles sont temporaires, et de savoir ajuster son cap. L’harmonie devient alors un idéal en mouvement, et non une quête de perfection.

Instaurer des environnements de travail propices à l’harmonie

Les entreprises ont un rôle clé à jouer pour favoriser cette dynamique. Premier levier : maîtriser la charge de travail pour éviter qu’elle n’envahisse systématiquement la vie personnelle. Deuxième levier : encourager des discussions ouvertes sur des sujets autrefois tabous, tels que les événements de vie, les besoins individuels ou la fatigue émotionnelle.

Certaines organisations montrent l’exemple. Leroy Merlin propose des échauffements physiques, aménage des espaces de pause adaptés et a signé un accord de télétravail. LDLC, de son côté, teste la semaine de quatre jours. Ces initiatives gagnent en efficacité lorsqu’elles sont co-construites avec les salariés, afin de répondre aux vrais besoins plutôt que d’imposer des solutions standardisées.

Finalement, l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée n’est pas un état figé, mais un processus vivant, évolutif, qui se construit à la fois individuellement et collectivement. Les défis sont nombreux : changer notre langage, apprendre à fixer des limites numériques, accepter les déséquilibres, dialoguer et innover. Mais les bénéfices sont immenses : des individus plus épanouis, des managers plus sereins, et des entreprises plus humaines et attractives. L’harmonie parfaite n’existe peut-être pas, mais l’harmonie possible, elle, mérite que l’on s’y engage.