Après plusieurs années marquées par des baisses d’impôts visant à stimuler la compétitivité, le gouvernement opère un virage fiscal en annonçant une série de mesures qui alourdiront la charge des entreprises. Entre surtaxes temporaires, maintien d’impôts en sursis et nouvelles taxes sectorielles, le paysage fiscal se durcit, ciblant particulièrement les grandes entreprises.
Une surtaxe exceptionnelle sur l’impôt des sociétés
Le gouvernement prévoit de réintroduire une surtaxe sur l’impôt sur les sociétés (IS) pour les entreprises réalisant un chiffre d’affaires supérieur à 1 milliard d’euros. Inspirée d’une mesure similaire mise en œuvre en 2017, cette surtaxe devrait rapporter environ 8 milliards d’euros en 2025.
- Les entreprises générant entre 1 et 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires seront imposées avec une surtaxe de 10 %.
- Celles dont le chiffre d’affaires dépasse 3 milliards d’euros devront s’acquitter d’une surtaxe de 20 %.
Présentée comme temporaire, avec une durée prévue d’un à deux ans, cette mesure inquiète néanmoins les grandes entreprises, qui redoutent une prolongation dans un contexte de pression budgétaire croissante. Au total, près de 300 entreprises seront concernées, faisant de cette surtaxe un outil clé pour répondre aux besoins immédiats de financement de l’État.
Le maintien de la CVAE : une mauvaise surprise
Parallèlement, la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE), initialement vouée à disparaître, restera en vigueur. Après une réduction progressive en 2021 et 2023, sa suppression totale a été reportée en raison des contraintes budgétaires. Cette décision représente un manque à gagner de 1,4 milliard d’euros pour les entreprises, qui continueront de supporter cet impôt de production décrié pour sa déconnexion de la rentabilité réelle des sociétés.
Des taxes sectorielles en renfort
Le projet de loi de finances pour 2025 introduit également de nouvelles taxes ciblant des secteurs spécifiques :
- Transport aérien : La taxe sur les billets d’avion (TSBA) sera triplée, augmentant significativement le coût des voyages.
- Armateurs : Une contribution exceptionnelle de 1 milliard d’euros sera exigée, malgré les avantages fiscaux traditionnels du secteur.
- Pollueurs et jeux d’argent : Des prélèvements additionnels frapperont ces secteurs, rapportant environ 1,5 milliard d’euros.
Ces mesures s’inscrivent dans une stratégie visant à générer des recettes supplémentaires tout en encourageant des comportements plus durables, notamment dans le domaine de l’environnement.
Quelles conséquences pour les entreprises ?
Au total, les nouvelles mesures fiscales devraient contribuer à hauteur de 20 milliards d’euros aux recettes de l’État en 2025. Outre les impôts et taxes, les entreprises devront faire face à une réduction des allègements de charges sur les bas salaires, qui rapportera entre 4 et 5 milliards d’euros supplémentaires au gouvernement.
Ces décisions marquent une rupture avec la politique de l’offre qui avait dominé ces dernières années. Désormais, la priorité est donnée à la réduction du déficit public, même au prix d’un alourdissement de la fiscalité pesant sur les entreprises.
Dans ce nouveau contexte, les entreprises devront redoubler d’efforts pour maintenir leur compétitivité, tout en absorbant ces charges fiscales supplémentaires.